SOBICAIN

Centro Bíblico San Pablo

SOBICAIN / Centro Bíblico San Pablo

Au temps des perses et des macédoniens

LE RETOUR ET SES DÉSILLUSION

Ceux qui revenaient de Babylone sous la conduite de Zorobabel, voyaient dans ce retour sur la terre de la Promesse les premiers signes de l’accomplissement des paroles des Prophètes qui avaient annoncé le châtiment de la déportation, mais aussi le jugement final des nations, instrument de la colère divine:

Voici ce que dit Yahvé:

Ta faute était si grande, tes péchés si nombreux,
que j’ai dû te traiter ainsi.
Mais ceux qui te dévoraient seront dévorés,
tous tes ennemis partiront en exil,
ceux qui te dépouillaient seront dépouillés,
je ferai qu’on pille ceux qui te pillaient. (Jr 30,12-16)

Le temps n’était-il pas enfin arrivé de la restauration d’Israël et de la conversion de toutes les nations de la terre au Dieu d’Israël? Or voici que les faits semblaient maintenant donner un démenti à toutes ces attentes.

CYRUS ORDONNE LA RECONSTRUCTION DU TEMPLE

Sheshbassar, revenu avec les rapatriés, portant les objets cultuels dérobés jadis par Nabuchodonosor, se mit aussitôt à l’ouvrage pour rebâtir la Sainte Demeure. On donna de l´argent aux tailleurs de pierre et aux charpentiers; des vivres, de la boisson et de l´huile aux gens de Sidon et de Tyr, pour qu´ils fassent venir du bois de cèdre. Tout le peuple poussait de grandes acclamations, rendant grâces à Yahvé pour la pose des fondations du Temple (Esd 3,7 et 3,11 ).

Lorsqu’ils apprirent que ceux qui étaient revenus de la captivité construisaient un Temple à Yahvé Dieu d´Israël, les habitants du pays vinrent trouver Zorobabel et les chefs de familles et leur dirent:”Nous allons construire avec vous puisque, comme vous, nous invoquons votre Dieu et nous lui offrons des sacrifices depuis le temps d´Asarhaddon, roi d´Assyrie, qui nous a déportés ici.” Zorobabel, Josué et le reste des chefs de familles d´Israël, leur répondirent:”Ce n´est pas à vous et à nous ensemble, de construire un Temple à notre Dieu. C´est nous, et nous seuls, qui construirons pour Yahvé Dieu d´Israël, comme nous l´a ordonné Cyrus roi de Perse!” (Esd 4,1-5)

Ce”peuple du pays” s’était constitué au fil du temps à partir des populations vaincues par les Assyriens et par les Babyloniens ensuite, et qui avaient été déportées en Palestine. Il incluait sûrement une bonne part de la population juive restée sur place au moment de l’exil, laquelle s’était mélangée avec les nouveaux arrivants. Leur désir de coopérer à la reconstruction du Temple pouvait aller de pair avec le désir d’assimiler les colonies juives récemment rentrées de Babylone. En traitant avec eux, ne risquait-on pas de tomber dans le danger si bien décrit dans le Deutéronome: Tu ne concluras pas d´alliance avec eux… Tu ne feras pas de mariage avec ces gens, tu ne donneras pas ta fille à l´un de leurs fils, et tu ne prendras pas pour ton fils une de leurs filles. Car elle détournerait ton fils de me suivre et il en viendrait à suivre d´autres dieux (Dt 7,2-4)

Alors les ouvertures se referment; par tous les moyens, ils essayent de retarder la reconstruction de ce Temple, signe de la présence de Dieu au milieu de son peuple, mais au plan politique, symbole depuis Salomon de l’hégémonie judéenne. Durant de nombreuses années les plaintes des”habitants du pays” auprès des autorités perses retardèrent les travaux; cependant, sous l’impulsion des prophètes Aggée et Zacharie, on se remit à l’ouvrage et le Temple fut consacré le 1 er Avril 515.

DIFFICULTÉS POLITIQUES

Les difficultés ne terminèrent pas pour autant. Le gouverneur perse de Samarie, Sanballat, s’était senti humilié lorsqu’Artaxerxès III lui retira la Judée pour la confier à Néhémie. Mais quelques années plus tard, à Jérusalem, le grand prêtre Jean assassine son frère, Jésus, dans le temple. À ce scandale s’en ajoute bientôt un autre: Jaddus, fils et successeur de Jean, a un frère, Manassé, qui vient d’épouser Nicasis, la fille du gouverneur Sanballat. En raison de la loi touchant le mariage avec une étrangère (Ne 10,31), le peuple exige que ce Manassé renvoie sa femme. Loin d’obéir, le coupable cherche refuge auprès de son beau-père, qui l’aide à construire sur le Garizim, la montagne sainte de Samarie, un temple rival de celui de Jérusalem (Jn 4,20) dont il sera le grand prêtre.

Même dotée du statut de province autonome, la Judée faisait partie intégrante de l’empire perse. La seule autorité était celle du Grand Roi et il était hors de question de retrouver son identité et son originalité autour d’un quelconque pouvoir politique indépendant. Dès lors le temple devenait beaucoup plus qu’un symbole de restauration, il était le centre et le cœur de la vie juive, et les prêtres qui assuraient et garantissaient le culte du Dieu Unique prirent peu à peu une place éminente dans la nation. Le premier prêtre du temple devint le personnage principal de la Communauté et prit le titre de Grand Prêtre, tandis que le rituel du temple, la célébration des fêtes et le strict respect du calendrier liturgique formaient, de leur côté, le cadre fondamental qui allait préserver l’originalité d’Israël au milieu des provinces de l’empire. C’est à ce moment là, fort probablement, que le Livre du Lévitique connut sa rédaction définitive tandis que les Psaumes, qui étaient au cœur de la liturgie d’Israël, se trouvaient regroupés, sans doute à l’instar des cinq livres de la Loi (Pentateuque), en cinq livres s’achevant chacun par une doxologie.

LA PRIÈRE DES PSAUMES

Les poèmes et les chants religieux ne sont pas une originalité du peuple d’Israël et les littératures contemporaines de l’Ancien Testament en ont livré de nombreux exemples aussi bien en Égypte qu’en Canaan ou même en Mésopotamie. On ne peut douter que dès l’époque de Salomon le psaume ait tenu une place privilégiée dans la liturgie du temple, et la tradition voulait que le roi David en ait lui-même fixé les règles. Cependant le travail qui s’accomplissait maintenant sous l’impulsion des prêtres autour du temple reconstruit, allait donner un essor nouveau à cette forme de poésie. Il est probable que les lévites chargés du chant et de la symphonie,”fils d’Asaf” ou”fils de Yédoutoun”, eurent une bonne part dans leur composition ou leur sélection. Avec le temps, les recueils s’étoffaient de prières personnelles ou de lamentations collectives, se référant à tel ou tel événement du passé ou aux épreuves que traversait la Communauté de Jérusalem; les psaumes nourrissaient la foi et la piété d’Israël et prenaient toute leur place dans le rituel quotidien du temple comme dans la célébration des grandes fêtes annuelles.

NÉHÉMIE RELÈVE LES REMPARTS DE JÉRUSALEM

Jerusalén: vestigios de las fortificaciones levantadas después del regreso desde la cautividad La reconstruction du temple n’avait pu se faire sans l’aide de Juifs occupant à Babylone de hauts postes dans l’administration impériale, mais cette première œuvre accomplie, tout restait encore à faire: la communauté des rapatriés vivait dans une grande précarité. Le poids des difficultés quotidiennes, l’hostilité des”habitants du pays” envers ces gens nouvellement arrivés et qui semblaient vouloir accaparer les leviers de commande en Judée, peut-être aussi le sentiment d’être abandonnés par ceux qui avaient préféré rester à Babylone, tout cela éteignit la flamme que Aggée et Zacharie avaient allumée: le livre de Malachie est témoin du laisser-aller général qui s’installa dans le pays. Devant ce délabrement Néhémie, échanson à la cour d’Artaxerxès I, se met en route. Arrivé à Jérusalem il décide de reconstruire les remparts de la Ville Sainte, et cela malgré les ricanements des opposants. En cinquante-deux jours le travail est achevé, mais le redressement moral est une autre affaire: le premier, Néhémie donne l’exemple du désintéressement dans l’exercice des responsabilités; il exhorte les riches à remettre aux pauvres les dettes qu’ils ont contractées envers eux et à rendre ce qu’ils ont pris en gage, et finalement il menace sévèrement les contrevenants éventuels.

LA PERSE COMPTE SUR ESDRAS

Néhémie fut aidé dans cette rude tâche par un prêtre du nom d’Esdras, venu lui aussi de Babylone. Sa mission était couverte par cet ordre du roi:”Artaxerxès, le roi des rois, à Esdras, le prêtre, scribe de la Loi du Dieu du ciel… Le roi et ses sept conseillers t´envoient pour inspecter Juda et Jérusalem selon la Loi de ton Dieu que tu portes en main… Avec cette sagesse qui te vient de ton Dieu, tu feras connaître la Loi de ton Dieu et la loi du roi à celui qui ne la connaît pas encore. Si quelqu’un n´observe pas la loi, il sera traîné en justice et condamné à l´amende, à la prison, à l´exil ou à la mort.” (Esd 7,6-26)

Les difficultés que rencontrait alors la Perse expliquent l’extrême bienveillance du pouvoir central pour ce qui n’était finalement qu’une bien pauvre province; mais la révolte du satrape de Transeuphratène (la province à l’ouest de l’Euphrate qui incluait la Palestine)d’une part et les incessantes tentatives de rébellion de l’Égypte d’autre part exigeaient que l’on puisse compter sans réserve sur la fidélité de la Judée, située entre ces deux foyers d’insurrection.

LA LECTURE SOLENNELLE DE LA LOI

Fort du soutien impérial, Esdras entreprit de réorganiser la vie de la Communauté autour de la Loi de Yahvé. À son appel, le peuple tout entier se rassembla comme un seul homme sur la place en face de la Porte des Eaux. On demanda alors au scribe Esdras d´apporter le livre de la Loi de Moïse que Yahvé avait ordonnée à Israël. Le prêtre Esdras apporta la Loi devant l´assemblée Il lut dans le livre, depuis l´aube jusqu´à midi, en présence des hommes, des femmes et des enfants en âge de comprendre…Jour après jour on poursuivit la lecture du livre de la Loi de Dieu, depuis le premier jour jusqu´au dernier (Ne 8,1-18).

LE CAS DES ÉTRANGÈRES

Pour rétablir la pureté du”peuple de Dieu” au milieu d’une mosaïque de peuples transplantés venus des horizons les plus divers du Proche-Orient et attachés, chacun, à ses propres coutumes religieuses, on remit en vigueur l’ancienne législation par laquelle les responsables du peuple avaient jadis protégé Israël de la contamination des Cananéens: Tu ne feras pas de mariage avec ces gens, tu ne donneras pas ta fille à l´un de leurs fils, et tu ne prendras pas pour ton fils une de leurs filles . Car elle détournerait ton fils de me suivre et il en viendrait à suivre d´autres dieux (Dt 7,3-4).

Avec les invasions et la captivité on avait délaissé cette prescription, et les mariages avec des étrangères étaient devenues monnaie courante; cette négligence touchait toutes les classes de la société. Écoutons plutôt Esdras:”Les chefs s´avancèrent vers moi: Le peuple d´Israël, les prêtres et les Lévites, me dirent-ils, ne se sont pas séparés de tous ces peuples Cananéens, Hittites, Périzites, Jébuséens, Ammonites, Moabites, Égyptiens ou Amorites, dont les pratiques sont abominables! Ils ont pris de leurs filles pour eux et pour leurs fils, et la race sainte s´est mélangée avec les peuples des pays. Les chefs et les responsables ont été les premiers à pécher de cette façon.” (Esd 910,5).

LE LIVRE DE RUTH

Cette intransigeance de la Loi n’empêchait cependant pas les contacts quotidiens avec les étrangers: les différents transferts de population qui avaient accompagné les grandes invasions avaient fait de la Palestine une véritable mosaïque de peuples. Certes le temps de la Captivité n’avait pas favorisé l’estime des étrangers chez ceux qui revenaient enfin sur la terre de leurs pères après des années de servitude. Les difficultés rencontrées avec les”habitants du pays” lors de la reconstruction du temple n’avaient fait qu’exacerber les réactions hostiles; mais avec le temps, les rancœurs s’effaçaient peu à peu et le mépris faisait souvent place à l’estime. On en trouve un écho dans le livre de Ruth écrit à cette époque.

LES DOCTEURS DE LA LOI

Lectura de la Torá, con ocasión de una Bar-Mitzva

 

Néhémie et Esdras jouèrent un rôle décisif dans la Communauté des rapatriés de Babylone. Ils firent de Jérusalem et de ses environs, où ils s’étaient regroupés, un état sacerdotal centré sur le Temple. Ce qui devenait peu à peu par le travail des scribes la Thora des Juifs, notre Pentateuque, s’imposa comme loi. Les circonstances nouvelles, nées des bouleversements politiques et sociaux depuis plus d’un siècle exigeaient adaptation ou modification des lois, mais toujours dans le respect de la tradition mosaïque: Israël était le peuple que Dieu avait choisi entre tous, un peuple à part dont Yahvé était le Dieu”unique et jaloux”.

À côté des prêtres qui régnaient en maîtres dans le Temple, les scribes, spécialistes de la Loi, prirent une place de jour en jour plus importante: la stricte observance des mille et une prescriptions religieuses pouvait seule mettre Israël revenu sur sa terre à l’abri des châtiments divins.

Ainsi la Communauté de Jérusalem, quoique soumise à l’autorité perse, s’était-elle dotée des institutions et de la législation qui faisaient d’elle le centre et le phare d’Israël; institutions et législation qui devaient assurer la cohésion d’un peuple maintenant répandu, en raison des vicissitudes de l’histoire, aux quatre coins de l’empire perse, et parfois même au-delà de ses frontières. C’est pourquoi, lorsque Alexandre, en une dizaine d’années, bouscula de fond en comble la carte géopolitique du Proche-Orient, les choses ne changèrent pas substantiellement pour les Juifs, tout au moins dans un premier temps.

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